Une visite surprise (Constance)

Je n’avais pas vu Constance depuis des années puis lorsque Garrett refit apparition dans ma vie il m’expliqua que la belle était également à New York. J’ai toujours fortement apprécié la compagnie de la belle Carpenter mais les mauvaises décisions du passé ont fait en sorte que je doive emprunter un parcours, long et sinueux, sur lequel il valait mieux m’aventurer seul. Je ne voulais pas que qui que ce soit ait à payer pour mes conneries. Je me devais d’assumer mes bêtises et c’est en solitaire que je comptais le faire. N’ayons pas peur des mots je m’attendais à ce que les retrouvailles avec la jeune femme soient houleuses, qu’elle m’accable de reproches puisque c’était mérité, pourtant tel ne fut pas le cas. Sa gentillesse, sa clémence et sa prévenance n’ayant eu d’égal que son insoutenable beauté. De toute évidence je ne méritais pas tant de gentillesse.

Je la savais occupée, tout comme je pouvais l’être également, je décidai donc d’aller lui faire une visite surprise à son lieu de travail. Arrivé sur place, vêtu d’un jeans et d’une chemise, je passai vite fait par le bureau de Garrett afin de lui rendre ce qu’il avait oublié au Badabing et je me dirigeai vers le bureau de cette chère Constance.

La curiosité est un bien vilain défaut, j’en suis conscient, mais le ton de la discussion me paraissait pour le moins tendu je décidai donc de toquer à la porte et d’entrer par la suite afin de lui filer un coup de main … à la façon Evan Archer.

Salut beauté. Dis-je tout simplement en approchant de la jolie jeune femme et l’embrassant sur la joue sous le regard incrédule de l’homme avec lequel elle semblait s’enguirlander. Tiens Gomez ? Laisse-moi deviner ? Tu t’es encore gouré, comme un con, sur une livraison et tu refuses d’assumer ? Je le connaissais parfaitement, d’ailleurs il m’avait fait le coup. Laisse, je vais te régler ça. Dis-je à l’endroit de constance avant de tourner de nouveau mon regard vers Gomez. Alors Gommy voici ce qui tu vas faire. Tu vas reprendre ta marchandise, sans faire d’histoire, et sans facturer le moindre supplément, sinon je raconte à ta charmante épouse ce que tu fais dans mon bar avec cette gamine qui pourrait aisément passer pour ta fille. Lui lançant un regard sournois et arrogant je repris de plus belle. Crois-moi un divorce va te coûter plus cher que de reprendre une partie de ta cargaison. Je pris une légère pause. Alors ombrééééé nous sommes d’accord ? Son regard empreint de culpabilité pouvait aisément faire comprendre qu’il se savait prit comme un rat. Regardant ensuite la belle Carpenter, lorsque ce dernier quitta en maugréant, je ne pus que rire avant de tourner de nouveau mon regard vers l’adorable Constance. On dirait que la négociation a été fructueuse.

Évidemment cette intervention n’avait pas donné dans la subtilité, il faut dire que je connaissais las façons qu’avait cet obscur enfoiré pour flouer ses victimes et je me refusais à ce que Constance soit du lot. Demeurant silencieux, j’avais repensé à toutes ces années sans la voir, puis après m’être détaché quelque peu de son regard je finis par réagir en voyant Gomez finir par s’éclipser. Il avait fini par quitter sans trop faire de vague mais je me doutais qu’il allait tenter de se venger sur ma personne mais c’était le genre de trucs avec lesquels je pouvais aisément négocier. Il n’était pas le premier, ni le dernier, à se promettre d’avoir ma tête et je vivais très bien avec cette perspective.

Je suis également ravi de te revoir bien que cela remonte à longtemps … trop longtemps même. Je passais remettre les clés de cette voiture que Garrett a oublié à mon bar, il était trop bourré pour reprendre le volant, alors je lui avais promis de les lui rapporter ce matin et j’ai entendu ta voix donc du coup j’ai voulu venir m’assurer que tout allait bien pour toi. Je lui souris comme j’avais habitude e le faire lorsque je me retrouvais en sa charmante compagnie. Tu m’as également manqué, je crois qu’il n’existe pas de mots dont l’éloquence soit suffisamment puissante pour exprimer à quel point tu m’as manqué. La serrant dans mes bras, caressant doucement ses cheveux, je souris à ces mots dont la douceur n’avait d’égal que son insoutenable beauté. Mais de rien , c’était la moindre des choses. Je vais bien merci c’est gentil de t’en soucier et toi, exception faites de ce Gomez, tout va bien ?

Moi et Gomez c’était une longue histoire, je le connaissais depuis mon arrivé au Badabing, et je dois admettre que les informations que j’avais obtenues à son sujet n’étaient pas des plus flatteuses. J’avais choisi de suivre une voie me menant à côtoyer des gens forts peu recommandables mais jamais je n’aurais souhaité une telle chose pour une jeune femme aussi adorable et délicieuse que ma chère Constance.

Je ne pus que sourire lorsqu’elle me demanda de chiffrer toutes ces années ou le destin s’est acharné à nous éloigner l’un de l’autre. Je ne saurais dire combien d’années se sont écoulées puisque j’ai cessé de les compter mais je dirais qu’il s’agit d’une insoutenable éternité. Je dirais que je fais comme le font la majorité des New Yorkais. Je tente tout simplement de survivre. Je ne voulais pas me plaindre, ni qu’elle me prenne en pitié, mes faux pas et mes erreurs avaient fait en sorte de me guider vers une route des plus sinueuse mais il s’agissait d’une destinée que j’assumais pleinement.

Je n’avais pas perdu ce sourire qui me caractérisait si bien puis l’avalanche de question qui avait suivie n’avait pas été sans m’amuser, la curiosité de Constance m’ayant toujours fasciné. En fait je n’en suis que le videur mais je me dis qu’un jour, si jamais les circonstances s’y prêtent, je pourrais en faire l’acquisition. Je me doutais bien que Big Tony ne le laisserait pas partir pour une banale bouchée de pain mais on ne sait jamais de ce dont demain sera fait. Disons que Garrett était dans un état plus que particulier. J’étais quelqu’un pour qui la discrétion était un maître mot alors je ne comptais pas dévoiler des trucs pouvant gêner mon ami. La vie dans le Bronx ne manque pas d’action alors oui l’ambiance du bar est des plus animée, je dirais même qu’elle l’est parfois un peu trop mais bon c’est ce qui permet de mettre du pain sur la table alors je n’ai pas trop à m’en plaindre. Je suis à New York depuis quelques années déjà et toi ? Ne t’en fait pas pour les questions puis tu as le don de rendre les interrogatoires dignes d’intérêt. Sourire en coin je revins plus sérieux lorsqu’elle me remercia. Mais de rien ma belle et tu fais bien de te distancer de ce fumier, je ne serai pas toujours là pour te sauver la mise face à cet arnaqueur. Mes joues prirent une couleur pourpre lorsqu’elle me dit que j’étais adorable, j’avais l’habitude des compliments mais pour une rare fois je savais que les mots se voulaient sincères. Tu l’es tout autant.  Heureux de passer un moment en sa compagnie je dois admettre que pendant un bref instant je me sentis figer lorsqu’elle me parla de ma famille. Il me tarde de rattraper tout ce temps d’autant plus que nous avons toute une éternité à rattraper, Tu sais je ne parle plus vraiment à ma famille, j’ai fait des choix de vie qu’ils n’approuvaient pas et du coup nos chemins se sont éloignés. Bien évidemment j’aurais pu tenter de me raccommoder avec ma famille mais c’était sans compter sur ma fierté et mon égo qui refusait de faire le moindre compromis. Garrett m’en a légèrement parlé mais vu le nombre de verres qu’il s’est envoyé je crois qu’il me manque quelques détails afin de me faire une meilleure idée de la situation.  

Bien que la vie ne m'avait pas fait le moindre quartier il était hors de question que je ne m'en plaigne, j'étais conscient des mauvais choix que j'avais effectuer au fil du temps et je savais pertinemment que je me devais de les assumer. Si quelqu'un devait payer pour les pots cassés cela ne pouvait être que moi. J'eus un sourire légèrement amusé lorsque la belle Constance se permit de de me demander si je m'en tirais bien. J'ai pas trop à me plaindre de mon sort. Évidemment ma vie n'avait rien d'idyllique mais je parvenais à survivre c'était déjà ça de gagné. Bien entendu je m'étais montré avares de mes mots, n'entrant que très peu dans les détails, il faut dire que j'ai toujours été d'une grande discrétion sur mon quotidien. Il me semble qu'il soit tôt pour consommer de l'alcool mais je veux bien me laisser tenter par un jus d'orange si c'est possible évidemment. J'eus un léger rire en entendant ce qu'elle venait d'ajouter. Les interrogatoires de l'inspecteur Constance je dois avouer que ça m'avait manqué. Il s'agissait d'une taquinerie rien de plus mais je savais pertinemment qu'elle en était consciente après tout elle connaissait mon humour.

Je n'avais pas la prétention d'oser affirmer tout connaître du passé de la jeune femme, elle possédait son jardin secret tout comme je possédais le miens, mais si j'en avais eu la possibilité j'aurais fait mienne sa souffrance mais hélas ce genre de choses n'est pas humainement possible.

Chacun gagne sa vie comme il le peut. Je suis loin d'avoir la tête d'un prix Nobel de physique alors j'utilise mes compétences afin d'en soutirer le maximum. Je ne te le fais pas dire, les gens font des trucs assez dingues par moment lorsqu'ils ont pris un verre de trop. C'était gentil à elle de me souhaiter de réussir mais dans ce milieu, dans lequel je gravitais, il fallait faire gaffe puisque nos ambitions pouvaient rapidement entrer en conflits avec celles d'une autre personne et du coup notre existence pouvait s'écrouler tel un château de cartes. Tu sais Garrett est en quelque sorte un gamin dans un corps d'adulte mais bon ne le sommes nous tous pas d'une certaine façon ? Pour ma part j'assumais le fait que je pouvais laisser cette impression d’où la raison pour laquelle je me refusais de condamner ce cher Garrett. Je ne pouvais que me sentir touché par son élan de gentillesse et de considération à mon égard, il faut dire que je n'en avais plus l'habitude. Non je ne me balade pas avec un flingue mais j'ai appris à me défendre avec mes poings alors pour le moment je gère. Affichant un air faussement bad boy je l'entendis ensuite me confirmer qu'elle, ainsi que la famille, était maintenant à New York un mois. Sur le coup je dois admettre que j'en avais perdu mes mots, ne sachant plus trop ce que je pouvais me permettre de dire, et c'est alors que je l'entendis me confier que je lui avais manqué. Tu m'as également manqué ma chère, plus que tu ne saurais l'imaginer. Ce n'était pas que des mots, c'était avant tout l'expression de sentiments se voulant plus que sincères. Mais de rien puis tu sais parfaitement qu'en ta présence ce genre de mots me vient facilement. L'entendre me confirmer qu'elle ne ferait plus appel aux services de Gomez n'avait pu que me soulager, il faut dire que je savais parfaitement de ce dont il pouvait être capable. C'était un escroc de la pire espèce.  La discussion pris ensuite une tournure plus personnelle, il faut dire que je m'étais un peu trop avancé et il était maintenant trop tard pour revenir sur mes mots. Tu vois suite au décès de ma mère, suite à son cancer, j'ai soudainement perdu le contrôle de la situation et ma consommation de drogue n'a pas été sans envenimer la relation conflictuelle qu'il y avait entre mon père et moi. Disons que ses valeurs religieuses étaient plus qu'incompatibles avec mon attitude empreinte de désinvolture. Du coups ce n'est que trop tard que je réalisai à quel point j'étais dans de jolis draps. Aux prises avec une dette de drogue que je ne parvenais plus à rembourser je me retrouvai confronté à la réalité implacable de ce milieu et le temps était venu pour moi de rembourser. C'est donc ce qui m'a emmené à devenir la principale source de revenus d'une influente proxénète. Je dois t'avouer qu'elle m'en a fait voir du pays cette sale garce.  Elle m'avait fait balader aux quatre coins du pays ce qui n'avait pu que contribuer à cette distance entre mon père et moi, d'ailleurs je dois admettre que cela avait été un mal pour un bien puisque de toute façon je suis persuadé qu'il aurait été plus que déçu de constater ce que j'étais devenu. Triste histoire, sincèrement. Hochant la tête, en guise de dépit, je finis par la regarder de nouveau. Effectivement je l'ai toujours apprécié mais cela n'excuse pas ce qu'il a fait. Rien ne saurait justifier un tel acte aprés tout. Je demeurai silencieux un instant le temps de réfléchir à une réponse pertinente et cohérente. Difficile de s'offrir un recommencement mais d'un autre côté c'est également une rare occasion de faire table rase et de repartir sur des bases plus saines. Je peux comprendre que cela affecte Garrett … c'est humain après tout. Je n'y étais pas et je suis tout remué à la seule évocation de ce bordel alors j'ose même pas imaginé si j'avais vécu le tout.