Avoir du nez | ft. Fallon Carrington

La soirée d’hier fut plutôt mouvementée et je n’arrivais toujours pas à croire que j’en étais venu à ce niveau avec cette petite garce de Lucy Delevingne. En plus d’avoir détruit mes louboutins hors de prix et ma robe haute couture, elle m’avait fracturé le nez – me laissant avec un visage de monstre. Il était complètement hors de question que je daigne sortir le nez du manoir pour quelques jours. Une fois de retour, j’avais envoyé un message texte à Eleanor pour l’aviser de mon accident et ainsi lui demander de prendre mes dossiers en main. Je travaillais de la maison pour ce qui était de la paperasse. J’avais également reçu la visite du médecin spécialiste attitrée à notre famille pour une auscultation de dernière minute. Rien de bien grave, il n’était pas cassé, mais assez amoché. J’informais donc Anders des mesures à prendre pour mon traitement et il s’occupait de préciser à la bonne au petit matin de s’occuper de me donner mes cachets à la bonne heure.

Je me trouvais toujours dans ma chambre à coucher où je venais de retoucher mon maquillage pour camoufler du mieux que je ne le pouvais l’horreur qui s’était collé à mon visage. Bien entendu, je connaissais l’horaire de Thelma et je savais qu’elle arriverait bientôt. Je me repose dans mon lit malgré tout et tente de sommeiller un peu. On finit par toquer à la porte et ma femme de ménage m’interpella à travers la porte. « Vous pouvez entrer Thelma… mais je vous préviens toute suite. Si vous osez rire ou tenter de prendre la moindre photo, vous allez finir votre vie à mendier dans le Bronx ou pire vendre des sacs à main de contrefaçon sur le bord du Brooklyn Bridge. » Je levais la main en signe qu’elle pouvait entrer même si elle ne me voyait pas encore.

Je soupirais juste à l’idée qu’une autre personne me voie dans un pareil état. Une fois entrée, elle contempla l’état de mon visage et ça se lisait déjà sur son visage qu’elle était choquée. Mon sourcil trembla en laissant ma main en l’air lui faire signe de me rejoindre. Je ne connaissais pas Thelma depuis des années, mais elle faisait quand même un bon travail au manoir jusqu’à présent. Elle posait peut-être un peu trop de question, mais bon, Blake appréciait ses services, je devais faire de même. Je lui arrachais mon verre d’eau des mains pour finalement avaler amèrement les pilules qu’elle me donnait. « J’espère que c’est assez fort, parce que j’ai la tête qui veut exploser. » Dis-je avec désespoir. Je lui tendis le verre de nouveau et l’écoutait me poser des questions – et surtout m’informer sur la situation à travers les médias. Je tentais de froncer le nez qui m’était douloureux pour lui répondre avec surprise. « Si elle n’est pas derrière les barreaux d’ici la fin de la semaine, ça risque d’être bien surprenant. On ne s’attaque pas à Fallon Carrington et encore moins à ce nez parfait ! » Dis-je sur une pointe de mépris. « Mes avocats sont sur l’affaire. En plus de poursuite cette cinglée de Lucy Delevingne, c’est l’établissement au complet que j’amène devant le jury. Tu peux croire qu’ils nous aillent enfermer dans un bureau durant plusieurs heures toi ? » Je tourne la tête pour prendre mon téléphone en main. J’y vis des centaines de courriels et de messages sur sa page d’accueil. Je grogne d’énervement en levant les yeux vers ma bonne. « Vous pouvez me lire ce qu’il s’y dit sur les réseaux sociaux ? J’arrive à peine à focuser sur l’écran et je me fais bombarder de tous les côtés. J’ai l’impression de comprendre à comment se sentait Cristal après la révélation de sa sex tape…. Enfin, mise à part que contrairement à elle et son anatomie douteuse exposé au grand jour, je n’ai aucune honte à avoir. »

Thelma m’expliquait que les cachets étaient très forts. Je pinçais les lèvres après l’avoir avalé et lança sans vraiment me rendre compte de l’impact de mes paroles. « Au moins, on peut dire que vous servez à quelque chose. » Aucun merci, de toute manière, j’avais beaucoup trop la tête lourde pour me la prendre avec les convenances. Je savais qu’en exigeant à ma femme de ménage de me lire les commentaires à mon sujet sur les réseaux sociaux, je me plongeais dans un tourbillon de dégradation, mais j’avais l’égo assez fort pour ne pas que ça m’atteigne directement. Je tournais le doigt dans le vide – geste de la main qui signifiait de le faire tout en lui répondait. « Oui oui. Je ne vous l’aurais pas demandé sinon. Je suis capable d’en prendre. De toute manière, ce n’est pas la grosse Sonia qui vit avec ses cinq chats dans le fond de l’Oregon qui risque de venir me gâcher le moral. » Je fronçais les sourcils prête à entendre ce qu’on racontait sur la soirée et sur cette bagarre. Je savais bien que Thelma voulait me préserver. Je soupirais en lui arrachant le téléphone des mains. « C’est ça, même pas capable de faire votre travail comme il faut. Je n’ai pas besoin d’être cajoler non plus. » Je défilais les commentaires et certains étaient plutôt horrible. Je ferme finalement mon téléphone que je balance sur le lit à côté de moi. « De toute manière, ceux qui commentent sur les réseaux sociaux n’étaient même pas à la soirée, que des petits moutons dans un pâturage. » Dis-je en ne démontrant en aucun cas une certaine rancune. « Vous savez si mon père est encore au manoir ? » Il devait se charger de faire le transport de certains documents pour Carrington Atlantic vu que je prenais un congé.

Je posais une main sur le rebord de mon menton pour doucement le remonter vers mon nez qui me faisais toujours horriblement mal. Je tentais d’y appliquer une légère pression pour contenir la démangeaison que ça m’apportait – sauf que je devais y aller avec délicatesse vu la douleur que ça m’infligeait. Je ne savais pas si je devais bien prendre les propos de ma femme de ménage ? Mais bon, elle semblait de mon avis et je l’appréciais. Je lui offris l’un de mes rares sourire dans ce genre de situation pour lui répondre. « Si on peut dire ça ainsi… enfin. » Je roulais les yeux en portant mon attention sur autre chose. J’avais besoin de me changer les idées. Elle venait de m’informer du départ de mon père pour Carrington Atlantic. Je lui souris finalement. « Oh c’est parfait. Je sais du coup qu’il s’occupera de mes dossiers. Je lui passerais un coup de fils tout à l’heure. Vous savez si la presse a tenté d’entrer en contact avec le manoir ? Je ne compte certainement pas laisser passer une entrevue avec l’état de mon visage. Enfin, seulement si on me le demande par téléphone ou par courriel. Est-ce qu’il reste encore des croissants du petit-déjeuner ? » Je venais de lui poser plusieurs questions sans vraiment m’en rendre compte, mais je faisais ça parce que je m’ennuyais réellement à l’instant. Je ne pouvais pas sortir hors du manoir et je détestais passer des journées à me morfondre dans mon lit. « Il y a justement ce nouveau film que je voulais voir. Welcome to the jungle. Je peux vous laisser contacter le registre du cinéma pour m’offrir une représentation privée dans la salle de visionnement du manoir ? Je sais que le film n’est pas encore à l’affiche, mais je suis prête à débourser la somme nécéssaire. » Dis-je en sachant que le mois prochain, c’était la grande première à Manhattan.

Le temps ne semblait guère passer très rapidement. Michael était partie tôt ce matin et je n’avais même pas la chance de profiter d’un peu de son temps. D’un côté, il bossait – ce qui était normal. Je ne voulais pas l’embêter non plus, même si j’aurais voulu un peu plus de son attention ce matin – sachant que j’avais été victime d’une attaque et que mon visage ne ressemblait plus à rien. Je demandais donc à mon employée diverses requêtes, chose peu intéressante, mais qui me faisait passer le temps. Je ne connaissais pas beaucoup Thelma encore, mais elle semblait respecter mes demandes… ce qui m’allait pour l’instant. « Perez Hilton. J’ai horreur de ce type. Je ne le rappellerais pas, brulez son numéro et à la place, demandez à Jaqueline Post de Vanity Fair une entrevue pour cette semaine. Elle me doit une faveur et je sais qu’elle pourra redorer mon image. Faut croire que les frasques de son mari n’ont jamais été divulgué à la presse, qu’elle se compte chanceuse. » Je pinçais les lèvres sans vraiment démontrer une quelconque émotion sur le sujet. Je laissais finalement Thelma partir et réaliser mes requêtes. « Fermez la porte, je ne voudrais pas que le reste du personnel bad de gamme me voit ainsi. » Ajoutais-je avant qu’elle quitte. Je prends mon portable pour activer l’appareil photo – ce qui me permettait de voir l’état des dégats. C’était horrible et douloureux. Je n’avais qu’une envie, m’effondrer en larme.

Thelma toqua de nouveau et m’informa que mes requêtes seraient accordées. Je lui souris. « En attendant, il faut que je m’occupe. Faites-moi venir mon couturier. Je veux une séance d’essayage personnalisé dans le salon dans une heure. » Ajoutais-je en levant les sourcils, attendant que la bonne confirme que ça aurait lieu.

Peu importe ce que j’osais exiger à Thelma, elle acceptait de respecter mes volontés sans vraiment couiner – ce qui me plaisait bien. J’allais lui toucher un mot d’ailleurs. Je ne me souvenais pas avoir eu une aussi bonne femme de main pour s’occuper de moi depuis longtemps. Certes, Anders faisait partie des meubles et je savais qu’on pouvait compter sur chaque exigence sans qu’il ne dise quoi que ce soit, mais Anders était le petit larbin de mon père surtout. Je dévoilais malgré tout un petit sourire à ma bonne. « On se revoit tout à l’heure donc. » C’est à ce moment que mon chien Bow passait dans le couloir. Je siffle un coup en tapant sur mon lit. « Bow. J’ai besoin de support. Viens me voir. » Dis-je avec plaisir. Mon chien vient me rejoindre. Je laissais donc Thelma quitter la pièce et après quelques minutes, je finis par sauter sous la douche et enfiler un petit ensemble qui serait facile à retirer pour mes essayages. Je finis donc par descendre au salon où je voyais que Thelma avait déjà tout préparé. Je lui adressai un sourire. Mon visage était resplendissant malgré l’état de mon nez. « Vous méritez sérieusement une augmentation Thelma. Si vous arrivez à me trouver des chaussures qui vont parfaitement avec la robe que je choisirais, je vous donne une augmentation en conséquence. Avec ça, vous pourrez vous acheter ce que vous souhaitez…. Le dernier plumeau hors de prix ou bien le nouveau détachant à lessive, faites-vous plaisir. » Dis-je en suggérant des choses qui pouvaient l’intéresser. Je levais les bras vers mon ami et couturier. « Jovani ! Merci d’être venu aussi rapidement. Avant que vous me balancez la première vanne sur l’état de mon visage, je vous préviens toute suite que c’est moi qui paie les études de vos enfants, alors si vous ne souhaitez pas qu’ils finissent cassier chez Walmart ou à faire les poussières pour une riche famille comme les Carrington, il vaudrait mieux que vous n’ouvrez pas la bouche. » Je lui souris et il comprit. Je me retournais vers Thelma. « Vous avez du goût Thelma ? »