high hopes. (GARRETT)

But I always had a vision.

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Une explosive et intempestive soirée, qu’elle a, par malheur ou par chance, complètement oubliée. La boite crânerie traversée par les élancements douloureux d’un cerveau ensuqué encore dans les affres de l’alcool et de Diable sait quelle autre eau de vie elle a bien pu ingurgiter la veille. Muscles ankylosés et gonflés, un arrière-goût curieusement douteux qui lui érafle les papilles gustatives… et on ne parle même pas de ce lit étranger en lequel La Belle Au Bois Dormant s’est réveillée ce matin… et on ne mentionne pas également à qui pouvait bien appartenir cette belle chevelure de miel qu’elle a avec épouvante découvert sur l’oreiller voisin ! Boire comme un trou, elle en a l’habitude… fâcheusement. Boire jusqu’à en perdre conscience, ça aussi, c’est une habitude qui dangereusement frôle la redondance. MAIS ! boire, perdre conscience et batifoler avec une demoiselle qui par de toutes évidences doit fort probablement détenir un petit fétiche pour la nécrophilie, ça, nom de nom, l’écervelée, que vous allez reconnaître sous le prénom d’Axelle, bah, elle en pas l’habitude !

Le feu au cul, les jambes à son cou, migraine dans le crâne et dignité qu’elle sent  lui filer entre les doigts, le petit bout de nerfs fait irruption dans le premier café qu’elle croise sur le trottoir bondé de passants et stands à hot dog. Son regard brumeux et flouté croise une myriade de visages anonymes, de présentoirs et de gigantesques tableaux noirs mettant en annonce une panoplie plutôt impressionnant de boissons chaudes en tout genre. Il y en a des allongés, des corsés, des serrés, au lait, à la citrouille et on en passe.

La logique de la barmaid étant délirante, si tôt de bon matin,  après avoir joué des coudes et s’être frayé un chemin au travers de clients qui patiemment attendaient pour commander, c’est l’air mine de rien que la petite effrontée demande :

- Il y a moyen d’avoir un espresso très très très très corsé ? Si possible, saupoudrer le tout avec un léger soupçon de Butterscotch ?

Regard interrogateur de la vendeuse.

- Ces saletés de nuages de lait me font ballonner. Et oui… par Butterscotch… je parle de la boisson alcoolisée. Vous en avez en stock, non ? Je commence mon quart de travaille d’ici moins le quart… j’aimerais ne pas avoir la gueule de celle qui s’est battue avec sa brosse à cheveux et qui a lamentablement perdue ce combat !

Des clients s'impatientent derrière elle, mais sa majesté s'en cogne royalement...

Bip. Bip. Bip. Le réveil matin du grand Garrett Carpenter résonnait à travers son penthouse – sauf que l’homme d’affaire ne dormait pas. Réglé à cinq heures le matin, l’homme dérogeait jamais de son heure malgré le cadran qu’il s’entêtait à régler au coucher. Aussitôt, l’homme commença la journée par quelques pompes, des redressements assis et il alla tout droit enfiler ses vêtements de jogging. Le grand brun sortit finalement de son immeuble et traversa la rue qui donnait directement dans Central Park. La course se déroula comme sur des roulettes – si on pouvait utiliser cette expression dans ce cas de figure – enfin, Garrett courut une bonne heure avant de rebrousser chemin après un bref arrêt à la fontaine pour boire une bonne gorgée d’eau. Une fois chez lui, il sauta sous la douche, profita d’une bonne savonnée tout en sifflotant – avec le peu de talent possible – l’air d’une chanson qui passait souvent à la radio ces derniers temps. High Hopes ? Un truc du style. Enfin, Carpenter salua sa femme de ménage qui était déjà présente pour lui préparer un bon petit déjeuner complet et une fois l’estomac contenté, il décida de partir à la conquête de Manhattan. Il voulait se rendre jusqu’au Vintage Hôtel toute suite, sauf que l’envie d’un lattée lui prenait déjà. Il décida de s’arrêter en route – de toute manière, il savait que le personnel n’avait pas besoin de lui à l’instant. Il se faufila à l’intérieur du petit restaurant et rattacha aussitôt le bouton qui retenait le veston de son complet. Offrant son fameux sourire charmeur aux deux femmes qui quittaient la boutique. L’homme s’éprit d’un élan de galanterie en leur retenant la porte. Il opina poliment et franchit le pas. Il attendait derrière et s’amusa face aux paroles d’une jeune cliente qui s’exprimait assez ouvertement à travers le café. L’homme avança d’un pas pour se permettre d’intervenir. « Si je peux me le permettre, offrez ce que mademoiselle désire. Il y a une société des alcools à deux pas – allez acheter la meilleure bouteille de leur sélection de butterscotch. » Dit-il en glissant un billet à la caissière. Garrett lui offrit un grand sourire en attendant une réaction. Espérant qu’elle soit positive.

But I always had a vision.

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Une voix masculine et plutôt joviale trouve rapidement son chemin jusque dans son conduit auditif. Interloquée par les paroles qu’elle entend, elle ne peut s’empêcher de hausser un sourcil, de reluquer du coin de l’œil le fameux billet de dollar qui se retrouve au bout des doigts virils et qui avec nonchalance est tendu sous le pif de la vendeuse.

C’est pas à tous les jours qu’un parfait étranger accepte de payer pour vous et cet éclair de surprise traverse rapidement le visage de la petite brunette.

- Wow ! Hum. Merci. C’est pas à tous les jours qu’un parfait étranger accepte de payer pour vous. C’est très aimable à vous, monsieur…

Elle se retourne, pour ajouter dans son champ de vision périphérique le visage de son bon samaritain. La surprise ne se fait pas moindre, lorsqu’elle reconnait à qui peut bien appartenir cette carrure d’athlète et ce visage d’adonis.

- Carpenter ! Mister Garrett Carpenter !?

Oh. Mon. Dieu. !!!.

- Oh. Mon. Dieu !!! J’ai fumé ou quoi ? C’est bien vous ?

En même temps, qui c’est que ça peut être d’autre si ce n’est pas lui ? Un sosie ou un clone un peu trop ressemblant, peut-être ?

- L’histoire de drame et d’horreur qui s’est déroulé à Sidebay a longuement été médiatisé dans les journaux. J’ai tout suivie de l’affaire… Personnellement, j’aurais jamais acheté c’taudis psychiatrique que vous avez rebooté en hôtel. Tout de cet endroit appelait à l’épouvante et un crime futur.

Axelle se rapproche de l’homme illustre… vous savez, le genre de rapprochement que nous faisons lorsqu’on papote de ragots ?

- Vous avez repris les affaires à New York, pour commencer une nouvelle vie et oublier ce qui s’est passé là-bas ?

- J’ai même entendu dire qu’il est sur le point de se remarier à nouveau ! que s’invite une voix pas rapport d’un parfait inconnu qui épiais tout de leur conversation.

Aux allures charmantes et très convenables, Garrett Carpenter – le grand – suggérait à la caissière du petit café d’offrir à sa cliente ce qu’elle espérait. Jamais il n’aurait imaginé une exclamation aussi surprenante provenant de cette mystérieuse inconnue qui dévorait l’histoire qui entourait Garrett et sa famille. Légèrement suspicieux sur la réaction à avoir, l’homme d’affaire redressa sa cravate d’un geste discret et s’éprit d’un sourire malaisé tout en fixant les alentours. Oui, il savait que cette histoire avait fait le tour des manchettes. Ce qu’il souhaitait, c’était surtout que cette tragédie ne nuise en rien sa réputation au sein du nouveau Vintage situé en plein cœur de Manhattan. Fixant les alentours, il répondit finalement de ce sourire coupé qui représentait son mal être. « Hum… oui oui je suis bien Garrett Carpenter. » Il voyait tout ce que ça représentait d’être la cible d’une demoiselle qui étalait son histoire à haute voix – idée que tout le monde autour soit mis au courant. Naturellement, l’homme riait sous la pression. Il était nerveux, mais il ne voulait pas le démontrer. « Disons que ce choix a été fait par moi et ma famille pour permettre à Sidebay de se débarrasser de cette horrible image laissée par ce bâtiment abandonné où des horribles crimes sadiques avaient eu lieu… nous ne pensions jamais qu’une malédiction accompagnerait le bâtiment… mais vous pouvez être certains, vous tous, que j’ai fait des recherches avant d’acheter le nouveau bâtiment qui abrite le nouveau Vintage Hôtel au sein de Time Square. Je vous invite à venir y faire votre tour. » Dit-il en s’adressant au public plutôt qu’à la jeune brunette. Il reposa son regard vers elle en souriant. Un autre homme lui parla de mariage – ce qui lui laissait un horrible goût amer. « Non, je ne suis plus fiancé. Et oui, New York est pour moi et mes proches, un moyen de recommencer à zéro. » Il glissa la main dans la poche de sa veste et en sortie quelques cartes d’affaires. « Si vous voulez réserver pour vous ou un proche, j’offre à tous ceux présent un rabais de 50% sur votre première nuitée. » Garrett faisait partie de ses gens nobles et très généreux. Il glissa la carte à celle qui s’exclamait depuis leur rencontre.

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Même si âgée de trente vadrouilles, il peut arriver parfois que la maturité de la demoiselle s’égare comme l’on peut parfois égarer sa virginité. C’est souvent de manière prématurée et regrettable après coup. L’étonnante situation, curieusement, elle s’apparente à tout ça, laissant des fêlures d’incrédulités et d’ébahissements sur le minois de Pearson, lorsqu’un parfais étranger se fusionne à la discussion et soulève un potin des plus anticipés. Bah, quoi, sans jouer les langues de putes, il ne serait point étonnant qu’un mariage soit inscrit dans l’agenda du milliardaire, ce dernier pouvant donner l’impression de sortir tout droit d’une émission de téléréalité digne The Bachelor, avec un parcours de vie sentimental aussi bariolé. Mais la vie personnelle, sentimentale, de ce preux fortuné n’intéresse pas la barmaid. Ce qui la pousse à se familiariser à l’homme, c’est plutôt son parcours professionnel et la perspicacité avec laquelle il s’est retrouvé tout au haut de la chaîne alimentaire. Elle interprète tout cela pour un attrait administratif et un brin admiratif. L’industrie du cinéma l’ayant depuis longtemps oubliée, investissant son modeste salaire de serveuse dans l’alcool, outre les apparences, Axelle nourrit certaines ambitions et c’est en celle de gens comme sieur Carpenter qu’elle les puise !

Bref… pour en revenir à cette histoire de maturité égarée, Axelle se sent comme cette petite morveuse qui jubile et s’extase devant son idole de jeunesse. Yup, sieur Carpenter est alias sa Madonna de sa vie adulte ! Elle s’abreuve de ses paroles, dodeline de la tête comme un Bobblehead et le fixe avec des yeux de poisson frit. Impressionnée par l’abnégation quasi surréelle de cet homme. Sans se faire prier, elle s’empare de la carte d’affaire et après l’avoir ausculté sous toutes les coutures l’engouffre dans la poche de son veston.

- Je vois qu’une connaissance à moi -et qui travaille pour vous- ne disait pas faux vous concernant. Vous êtes un patron généreux et ridiculement philanthrope. Vous me rappeler mes parents. Il m’étonne que vous n’ayez pas œuvré dans le domaine la santé publique et ou une action humanitaire quelconque.

Sourire stupide qui ne va en rien aider le noble malaise du grand milliardaire.

- Mais dans le genre Robin des Bois innové, vous êtes pas mal. Et la version New Yorkaise annonce mieux que la version Californienne. Je vous souhaite un grand succès avec vos projets futurs et actuels.

Pourquoi ne pas lui souhaiter bonne année grand nez, tant qu’elle y est ? Se rendant compte de l’aspect envahissant et indiscret, Axelle tend timidement sa main et trouve bon d’ajouter :

- Je m’appelle Axelle Pearson, quand les côtés Irma La Voyante Groupie et Frank Gallagher ne prennent pas le dessus de ma personnalité.

Comme c'est rassurant...

- Merci, pour l'achat de la bouteille. Sans être présomptueuse, j'apprécierais payer moi-même et ou au moins vous rembourser...

Péché d’orgueil... sans les préjugés...

Jusqu’à présent et face à une scène des plus gratifiantes, les craintes de Garrett semblaient se décimer dans la brume. Il savait que sa vie faisait régulièrement partie de la manchette niveau affaire et tout ce qui tournait autour du drame familiale qu’il vécue à Sidebay ne faisait malheureusement pas partie des oubliettes pour tout le monde, mais malgré tout, il se retrouvait face à une situation comme celle-ci où une très jolie demoiselle admirait son parcours professionnel. Carpenter s’en voyait des plus choyés et même admiratif à son tour. De plus, cette jeune brunette brillait par sa personnalité haute en couleur et son charisme remarquable. Elle lui faisait déjà un peu de l’œil et ça, Wade ne pouvait pas chercher pour quelles raisons. Son franc sourire marquait une place importante sur son visage le laissant répliquer sur un ton des plus fiers. «  Oh oui ? Qui est cette brillante amie pour que je la remercie des compliments à mon égard. » Il était curieux, mais tout de même sincère. Il comptait réellement toucher un mot à cette employée et pourquoi ne pas lui donner une prime. Garrett aimait qu’on lui redore son image, la générosité faisait partie de son quotidien. « Je compte faire de mon mieux maintenant installer à New York, j’adore cette ville et ça me change du soleil de la Californie pour tout vous dire…. Si je peux me le permettre. Je ne sais pas si vous êtes pressée, mais j’apprécierais réellement de partager un café en votre compagnie. » Ses sourcils firent un bon, tout ça était flatteur, mais Wade ne pouvait qu’en ajouter sa touche charmeuse. Garrett finit par lui tendre la main. « Axelle. Magnifique prénom. » Il riait aux comparatifs de la demoiselle, bien qu’il ne connaissait même pas la référence. Il se contenta d’opiner sans faire de vague. Elle lui demanda ensuite si elle pouvait payer. « Si je vous dis le prix de cette bouteille, vous risquez de retenir cette offre… de toute manière, ça me fait plaisir. Profitez de ce cadeau. » Dit-il en plissant les yeux.

But I always had a vision.

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C’est noël, oui ou merdouille !? Cette année, ce connard barbu, affublé de son habit rouge pétassouille, aurait-il décidé qu’elle avait été une assez bonne jeune fille, pour lui offrir un cadeau aussi précieux ?! Elle en doute, forte sérieusement, mais la petite brunette ne peut s’empêcher de se sentir comme une gamine, lors d’un doux matin de 25 décembre. Si déjà elle ne se fait pas à l’idée que mister Carpenter ne prenne un peu de son temps pour lui adresser la parole, que pensez-vous de l’optique qu’elle puisse courir la chance de savourer cette boisson chaude aux arômes alcoolisées en sa compagnie ?! Ouaip, voilà ! Vous avez tout compris…

Elle est hallucinée.
Elle est épatée.
Elle est complètement médusée par cette offre.
Et c’est l’air hallucinée, épatée et complètement médusée par cette offre, qu’elle saisie la main virile dans la sienne :

- Zarlotte… ma brillante amie, elle z’appelle Zarlotte… Z'est l'une de vos rézeptionniztes.

Mais qu’est-ce donc ces horribles « Z » qu’elle a de coincés sur le bout de la langue ? D’où lui sort ce grotesque zozotement ? Gamine, lorsque nerveuse, elle en avait l’habitude, mais devenue adulte, elle croyait s’en être débarrassée, de cette manie peu flatteuse. Rouge pivoine, Axelle a désormais envie de se fondre dans le décor.

- Z’ai pas l’habitude de parler comme za. Z’ais pas ze qui me prend. Mais z’aimerai beaucoup partazer un petit moment avec vous… crotte ! Ze veux dire : boire un petit café avec vous !

Non loin, il y a la dame au comptoir qui leur informe que leurs cafés sont prêts. En toute bonne barmaid zozotante, Axelle précise :

- Laizzez-moi au moins vous apporter votre café. Allez choizir une table, pendant que ze m’occupe de nos commandes…

Et elle se précipite au comptoir… le temps que ces fichus « Z » foutent le camp de son gosier…

Sérieusement, Wade Garrett Carpenter ne s’attendait pas à recevoir une approbation suivant sa requête. L’homme d’affaire n’avait pas à retourner au bureau pour le moment – et de toute manière, c’était lui le patron, il pouvait prendre le temps qu’il souhaitait en dehors de l’établissement. Il bossait un nombre d’heures inconcevable de toute façon. Alors, une heure ou deux à faire des rencontres, pourquoi pas. Le grand PDG s’offrit un sourire conquis face au commentaire de la demoiselle qu’il trouvait de plus en plus sexy. Il ne connaissait pas ses penchants, mais il souhaitait tout de même apprendre à la connaître. Le brunet opina avec humour. « Zarlotte ? La rencontre entre une échalote et un zèbre ? Je sais de qui vous parlez ! » Il lui désigna un clin d’œil amusé. L’homme d’affaire glissa un billet dans les mains de la brunette. « Dans ce cas, payez nos consommations, je vous attends mademoiselle Axelle. » Il plissa les yeux de la manière la plus courtoise qui soit et alla trouver une table comme en avait convenu la dame. Il déboutonna le bouton de son veston et prit place sur la chaise d’une petite table près de la grande vitrine qui offrait une vue sur les passants dans la rue. Il fallait dire que c’était bondé de monde. Il ne pourrait même pas compter le nombre d’individus qui se trouvait au même moment devant la façade de ce restaurant.