une première rencontre musclée (w/ iosef)

C’était encore une de ces journées où la jeune femme allait devoir faire semblant. Ancrer un faux sourire sur son visage, changer la profondeur de son regard pour se rendre tigresse et donner envie aux potentiels clients qu’elle allait voir aujourd’hui. Freya n’était pas d’humeur, elle se sentait courbaturée et encore possédée par le vestige d’une bonne dose dans le sang. En plus, nous étions un jeudi. A la même heure, elle allait rejoindre le même pervers qui allait vouloir se faire attacher au lit et prétendre être sa chose. Elle n’était absolument pas dans ce type de délire sexuel, mais elle ne pouvait rien refuser. Alors, elle faisait semblant d’être le bourreau et d’aimer dominer, commander. Le seul plaisir, c’était de pouvoir frapper… Oh oui, c’était bien le seul moment qu’elle appréciait avec ce client aux fantasmes farfelus. La jeune femme poussa le chat au pelage miteux qui dormait sur son ventre et sortit de ses couvertures. La bestiole miaula fortement, réclamant nourriture et attention. Elle lui lança un regard, avant d’aller jusqu’à sa cuisine pour sortir des croquettes. Ce chat, elle l’avait retrouvé dans une rue, maigre et sale, battu par une bande de mômes. Elle l’avait emmené chez le vétérinaire, dépensant ses derniers dollars et l’avait recueilli chez elle. Il n’était pas très beau, il n’avait pas un poil doux et très discipliné, une gueule un peu difforme et un œil crevé. Mais c’était son chat qu’elle avait baptisé « Lechat » et il lui offrait une douce thérapie de ronronnement chaque nuit. Elle jeta un regard désespéré sur son appartement sans dessus-dessous, lâchant un long soupir d’agacement à l’idée de devoir tout ranger. La flemmardise étant plus forte que la raison, elle se dirigea vers sa salle de bain pour prendre une douche en attendant son planning du jour. Et après un passage d’environ une heure pour se préparer, elle reçut enfin un coup de téléphone de la réception du Kingdom. Pas de tapinage aujourd’hui, mais une escorte en fin de journée pour accompagner un nouveau client. Voilà une nouvelle qui améliorait nettement son humeur.

Vers seize heures, elle se présenta à l’adresse qu’on lui avait fournie pour une première rencontre avec son client. C’était un homme grand, carré et au regard sévère, la mâchoire carré et une longue crinière corbeau. Sous son regard, Freya se sentit en danger et pas à l’aise du tout, mais elle lui offrit un sourire malgré tout. Il lui attrapa la main pour la faire tourner sur elle-même avant d’approuver de la tête. Elle détestait ce genre de moment où elle n’était plus une femme, une personne… mais un vulgaire morceau de viande jeté devant un prédateur qui attendait le bon moment pour sauter dessus et le dévorer. Elle resta quelques minutes chez lui, assise dans un coin comme un enfant puni, à l’attendre qui terminait une conversation au téléphone. Puis, ils prirent une voiture pour les conduire vers le cabaret. Elle resserra ses dents lorsqu’il déposa une main sur sa cuisse durant le trajet, osant quelques caresses qui ne lui laissait aucune place à l’imagination. Aucun doute, Freya allait devoir faire la catin après cette soirée. Elle qui appréciait de faire l’escorte, parce qu’en général, il y avait peu de relation par la suite. Souvent des hommes âgés qui voulaient se pavaner avec une jeune beauté pour se faire bien voir, mais incapable de monter sans une petite pilule. Là, le client espagnol était en bonne santé et il lui faisait comprendre. Une fois à l’extérieur, ils rejoignirent le cabaret pour commencer à observer le spectacle. Derrière cette façade, l’Espagnol était surtout là pour un rendez-vous et il n’y avait rien de mieux que ce type d’endroit pour cacher l’importance des échanges. Freya ne comprenait absolument rien, c’était en espagnol et elle s’en fichait royalement. Elle s’emmerdait et ne voulait qu’une chose, partir en courant. « Je reviens… » lui glissa son client, tapotant sa cuisse tout en s’éloignant vers l’extérieur avec deux autres hommes. La jeune femme restait à table avec un autre homme qui ne la quittait pas du regard. Il changea de place pour venir à côté d’elle et la norvégienne soupira.

Elle détourna le regard pour se concentrer uniquement sur la scène et elle le sentit, qui commençait à s’imposer sur sa chair d’une manière qui lui déplaisait. Elle repoussa sa main une première fois, mais il insista et Freya se montra plus ferme. « J’ai dit non ! » lui lança-t-elle avec un regard sombre. Cela lui arracha un sourire carnassier et il se fit encore plus imposant, envahissant son espace personnel. Ce n’était pas son client, alors concrètement, Freya avait droit de le refuser et elle n’allait pas se faire prier. Lorsqu’il approcha sa bouche, elle lui attrapa la lèvre inférieure avec les dents pour lui mordre violemment. Il recula en gémissant, avant de lui en coller une. La jeune femme se redresse pour le frapper également, mais sa faible corpulence n’était pas un avantage pour elle. Et même si elle n’avait pas froid aux yeux pour répliquer et se défendre, elle n’allait pas avoir le dessus. Le type la choppa par les hanches pour la plaquer violemment sur la table, ce qui alerta d’autres personnes aux alentours. Freya lui cogna le visage avant d’en recevoir un qui l’assomma légèrement. « Sale connard ! » cracha-t-elle en sentant le goût du cuivre sur sa langue.

by beraberel

Iosef déboutonna sa veste alors qu'il entrait dans le cabaret. Il était ici un peu pour le loisir mais surtout pour le travail. Quand Ezra n'était pas disponible, Iosef prenait un malin plaisir à faire son travail. Il salua le personnel sans vraiment y prêter attention. Ce n'était pas du tout son travail de les mettre à l'aise. Il ne se chargeait que très rarement de s'occuper des clients ou du personnel de son frère. Lui, il était le bras droit de son grand frère et il se contentait de faire le ménage si besoin ou de rendre service à gauche ou à droite. Il devait surtout protéger les fesses d'Ezra. Le jeune homme ne traîna pas dans le cabaret, montant alors à l'étage pour se rendre dans le bureau. Il avait un peu de travail mais ne comptait pas s'éterniser. Comme à son habitude, sa vie complètement délurée lui prenait du temps. Iosef avait tendance à faire ce qu'il voulait même si ça ne plaisait pas aux autres. Comme d'amener son chien partout avec lui. Certaines filles en avaient peur alors que le chien ne leur prêtait pas la moindre attention. Le jeune homme lui, prenait un malin plaisir à leur faire croire qu'il pourrait les dévorer d'un claquement de doigts. Ça l'amusait.

Les filles sous la coupe de Ezra avaient tendance à baisser les yeux lorsqu'elles croisaient Iosef. Le jeune homme savait très bien qu'il avait la réputation d'un ogre. La plupart des demoiselles qui le connaissaient savaient parfaitement qu'il pouvait se montrer froid et dur envers les autres. Certes, Iosef n'avait pas un caractère facile et il avait une grande gueule. Mais nul ignorait le côté impulsif. Il n'avait jamais hésiter à frapper une personne qui lui manquait de respect, homme ou femme. Les seules personnes pour qui il avait du respect et une profonde admiration étaient les enfants. Iosef les adorait -et n'y voyez rien de déplacé- au point d'en vouloir un à lui. L'ennui c'est qu'il n'avait jamais trouvé de femme qui convenait pour porter son futur bébé. En vérité, Iosef n'avait jamais réussi à trouver une femme qui le comblerait au point qu'il se poserait sur la durée et qu'il ne collectionnerait plus jamais. Pour le moment, il se contentait de filles refaites et superficielles qui acceptaient d'écarter les cuisses dans rien dire. Au fond, elles aimaient ça. Mais Iosef ne se sentait pas comblé pour autant. Un jour peut être il arriverait à se poser et à aimer une seule femme.

L'homme s'étira, installé derrière le bureau. Il alluma une cigarette et s'affaira à travailler consciencieusement pour ne pas décevoir son grand frère. C'était bien quelque chose qu'il refusait catégoriquement. Décevoir Ezra serait une atteinte à sa fierté et n'importe qui qui connaissait le bulgare savait qu'il pouvait être très fier. Iosef passa quelques coups de fils, fit monter un repas et une boisson dans le bureau pour ne pas mourir de faim sur les papiers puis finit par tout ranger convenablement. Ce n'était pas parce qu'on vivait une vie de débauche qu'on devait vivre salement. Après avoir terminé une énième cigarette, Iosef quitta son bureau, suivit de son chien. Il ferma la porte à clé et redescendit. Il prit quelques minutes pour discuter avec le chef de la sécurité, veillant à ce que tout aille bien. Alors qu'il s'entretenait avec l'homme, des éclats de voix et un remue-ménage se fit entendre un peu plus loin. Iosef fronça les sourcils.

« Je m'en occupe... »

D'un pas décidé, il se dirigea vers la scène qui ne lui plu pas du tout des qu'il arriva sur les lieux. Une jeune demoiselle venait de recevoir une sacrée correction et Iosef se foutait pas mal d'en connaître les raisons. Les clients n'avaient pas à cogner sur les filles. Sans attendre, Iosef attrapa l'homme par l'épaule et lui enfonça son poing dans le visage avant que la sécurité ne le flanque dehors. Malgré les protestations de l'homme comme quoi il avait payé cette fille et qu'il pouvait en faire ce qu'il voulait, Iosef se détourna de lui. Il aida la jeune femme à s'installer sur une chaise et observa son visage.

« Ça va aller ? Faudrait soigner ça rapidement pour pas que ça laisse de trace. »

by beraberel