I'll be there for you |Warren|

Par moment mon comportement pouvait sembler étrange, erratique, j’étais le premier à en convenir mais si un truc pouvait bien être de nature à m’agacer c’était bien lorsque l’on me suggérait fortement de consulter afin d’exorciser ces démons, qui me rongeaient des profondeurs de mon être, depuis mon retour de Syrie. D’une certaine façon je savais qu’ils avaient raison, c’était la chose sensée à faire, mais j’avais enduré tant de choses là-bas qu’il m’était insupportable de devoir les revivre à nouveau c’est donc pourquoi je préférais vivre dans le déni. Une décision des plus irrationnelle s’il en est une.

Scott, un collègue médecin, m’avait présenté une amie à lui ; une fort charmante jeune femme, je me dois de l’admettre, d’ailleurs je dois avouer qu’elle m’avait laissé une impression des plus favorable bien que nous ayons discuté que très brièvement. Parlant de choses et d’autres nous en étions tout de même venus à échanger nos numéros après tout qui sait ce qui peut découler d’un échange entre deux personnes.

Quelques jours s’étaient par la suite écoulés, il faut dire que j’avais été particulièrement occupé d’ailleurs je présumais que c’était la même chose de son côté, puis un jour – alors que j’étais en congé – mon téléphone sonna. Alexie avait pris la décision de m’appeler afin de me proposer de se retrouver dans un restaurant histoire de casser la croûte ensemble, il s’agissait là d’une proposition des plus intéressante c’est pourquoi je ne m’étais pas trop fait prier pour l’accepter. On avait convenu de se rejoindre dans environ une heure, cela me laissait donc amplement de temps pour me préparer, prenant une douche rapide j’enfilais par la suite un jeans et une chemise pour ensuite prendre mon manteau il faut dire que l’hiver s’installait rapidement sur New York et la température se voulait de moins en moins clémente.

Sortant de chez moi je pris ma voiture afin de conduire jusqu’à ce restaurant ou m’avait convié Alexie. Arrivé sur place, m’étant stationné, j’entrai dans le restaurant puis regardant autour de moi je vis Alexie installée à une table. Une employée me demandant si elle pouvait m’aider je lui expliquais que j’étais venu rejoindre une connaissance et je me dirigeai vers cette table ou se trouvait Alexie.

Bonjour, je ne me suis pas trop fait désirer? Je préférais le lui demander après tout j’aurais été vraiment déçu, et en colère envers moi-même, si elle avait passé un long moment à m’attendre.

La dernière fois que Scott a essayé de me tirer les vers du nez afin de me faire parler de ce que j’avais pu vivre en Syrie je dois admettre que j’étais tellement effrayé par les images qui me revenaient en tête que je lui avais fait comprendre que je ne voulais plus jamais qu’il aborde ce sujet. D’ailleurs je ne comprenais pas son entêtement à vouloir me forcer la main après tout pour lui je ne suis qu’une connaissance liée au travail et ce qu’il peut advenir de ma vie ne le concerne pas … à tout le moins cela ne devrait aucunement devenir une source de préoccupation le concernant. Enfin passons.

Arrivé au restaurant, ayant rejoint la jolie blonde à la table ou elle m’attendait, je lui avais réservé l’un de mes plus beaux sourire. Lui faisant la bise à mon tour je me trouvai rassuré lorsqu’elle me dit qu’elle venait à peine d’arriver et qu’il était par conséquent inutile de m’en faire à ce sujet. Prenant place je l’entendis me demander si ma journée avait été bonne. Étant quelqu’un d’excessivement tourmenté, vivant totalement dans le déni, la dernière chose que je désirais était d’attirer son attention c’est donc ce qui m’incita à lui répondre positivement. Bien entendu et puis cette magnifique journée coïncidait avec une de mes rares journées de répit. Aucune raison de m’en plaindre. Et la tienne ?  J’étais quelqu’un qui se consacrait totalement à son travail, c’était pour moi une sorte de thérapie, lorsque je bossais j’avais l’esprit occupé et je ne risquais pas de sombrer dans l’enfer de mes démons ou mes souffrances refoulées ne demandaient qu’à me torturer mais j’étais également conscient qu’en parler risquait fort de débouler sur une longue série de question  … des questions que je préférais éviter puisque de toute façon les réponses ne pouvaient que m’effrayer.

Depuis que j’étais gamin je m’étais toujours montré méfiant des gens qui pouvaient m’entourer, alors que je ne me confiais que très peu à mes proches, donc du coup m’ouvrir à une inconnue sur ce que je pouvais éprouver ou ressentir était loin d’être une idée que je pouvais envisager. Cette distance avant pris une toute autre ampleur à mon retour de Syrie alors que je n’osais pas trop m’ouvrir sur ces visions d’horreur qui défilaient dans ma tête telle une boucle interminable.

L’entendant me dire qu’elle n’avait pas beaucoup de travail ces derniers temps n’avait pas été sans me faire sourire bien que je me doutasse que son quotidien devait être assez rempli malgré le fait que j’ignorais totalement ce qu’elle pouvait faire comme job au sein de la police mais je me doutais qu’elle devait exercer une fonction de nature sociale il suffisait de l’écouter pour réaliser qu’elle était une grande intellectuelle. Certains signes ne pouvaient pas mentir après tout. Faut savoir profiter des moments d’accalmies lorsqu’ils se présentent. La regardant jeter un regard sur le menu je fis de même avant de laisser de nouveau mon regard croiser le sien. Je dois admettre que son magnifique regard me semblait empreint de mystère. Je crois que je vais me laisser tenter par ce trio de raviolis. Les pâtes farcies sont mon plaisir coupable, surtout lorsqu’ils sont nappés d’une sauce rosée. Évidemment je savais pertinemment que ce genre de mets était riche en matières grasses mais bon tant que l’on en abusait pas il n’y avait pas trop de soucis à se faire.

Étant issue d’une famille fortunée, probablement l’une des plus riche au pays, il ne m’avait pas été facile de m’éloigner du cercle d’influence que le simple fait d’appartenir à ce clan pouvait exercer ; d’ailleurs il ne m’avait pas été facile de jeter les bases de ce qu’allait devenir ma vie, de trouver mes propres repères, mais avec le temps j’y étais parvenu même si pour ce faire j’avais du me retrouver dans une prison Syrienne et subir d’atroces tourments mais tout ceci est une histoire que je préférais garder pour moi.

J’appréciais grandement la compagnie de la jolie blonde, tout comme moi elle semblait préférer la simplicité, ce qui n’était pas sans me déplaire j’en conviens. Bien entendu, je me dois de l’admettre, je me sentis investi d’une pointe de curiosité lorsqu’elle se mit à me parler de ce séjour à l’extérieur de New York qu’elle allait devoir faire pour le travail mais j’avais préféré ne pas la questionner à cet effet. J’imagine que professionnellement parlant tu dois en voir de toutes les couleurs.

Je lui souris, ensuite, l’air amusé lorsqu’elle me rétorqua que mon plat lui semblait des plus savoureux. Oh ça pour être savoureux il l’est. Je L’écoutai par la suite parler bouffe et je dois admettre que c’était instructif, cela me permettait dans une certaine mesure d’apprendre à mieux la connaître. Effectivement ton tour de taille ne trahi pas ta gourmandise, c’est un sacré avantage. Pour ma part je m’impose un régime assez strict mais je me permets certains écarts, un peu comme je le fais en ce moment,

Le serveur ayant pris nos commandes, et s’étant dirigé vers les cuisines, j’entendis cette question de la part de la charmante Alexie et je dois admettre qu’elle avait été de nature à me laisser songeur … du moins pendant un bref instant. À vrai dire je n’y avais pas encore pensé. Je crois que je vais surtout passer cette période en solitaire mais bon ce n’est pas forcément une mauvaise chose. Vu ce froid quasi sibérien qui s’était installé entre moi et mon père, au fil des ans, il était fortement improbable que je participe à un rassemblement familial bien que cette période de l’année pouvait y être plus que propice.