Archer & Carpenter : Reunited again. (Garrett)

Ce soir avait été un samedi comme les autres puisque, une fois de plus, j’avais été contraint de sortir les ordures et je ne parle pas de ces énormes sacs verts dans lesquels nous jetons nos détritus, ça non, je fais surtout allusions aux clients indésirables et qui, au nom de ce verre de trop qu’ils ont ingurgités, s’octroient des libertés qui ne leurs reviennent pas. Mon boulot consistant à faire le ménage, d’autant plus que j’aime bien effectuer ce genre de boulot, je ne demandais pas mieux que d’expulser les fauteurs de troubles et idéalement en leur foutant quelques coups bien sentis. C’est ce que l’on peut qualifier de bénéfices marginaux des plus intéressants.

Ayant utilisée la porte de service, donnant sur la ruelle, je m’étais permis de balancer cette sinistre petite frappe lourdement contre cette énorme benne à déchet. D’ailleurs l’impact fut si violent qu’une infime partie de son oreille s’était déchirée. Ce lascar allait vraiment ressentir sa douleur lorsqu’il allait recouvrer ses sens mais pour ma part je m’en foutais. On ne me payait pas pour faire dans les sentiments.

Faisant le tour du bâtiment, m’approchant de l’entrée principale, je remarquai un truc pour le moins inhabituel. Un véhicule luxueux, dont les lignes épurées semblaient indiquées que nous étions en présence d’un véhicule utilitaire de la marque Infiniti à moins que ce ne soit un Lexus, je ne pouvais que l’avoir remarqué puisque ce genre de véhicules se voulait plutôt rare dans les environs surtout à une heure aussi tardive. Sourire en coin je dois admettre que je n’avais pas tardé à réaliser ce qui était en voie de de tramer. Mon petit doigt me disait que le conducteur risquait de tomber des nues. Ce spectacle m’amusait mais je ne voulais pas non plus qu’un honnête citoyen se fasse arnaquer, puis si ce genre de truc s’ébruitait cela ne pouvait qu’être mauvais pour les affaires et attirer l’attention des autorités et c’était bien la dernière chose dont nous avions besoin.

M’approchant je me mis à parler dans le langage de la rue à l’un des protagonistes. Non mais tu joues à quoi trou du cul ? Tu ne sais pas qu’aucun coup dans le quartier ne peut se faire sans que l’on graisse la patte de Big Sal ? Je le regardais alors qu’il semblait pris au dépourvu. Je ne crois pas que tu ais payé la taxe pour arnaquer sur le territoire du gros Salvatore alors je te le dis Big Sal va exiger 95 % du fric que ton coup va lui faire empocher et si tu refuses il va me demander de te mettre deux dam dam dans ta boîte crânienne. Je le fixai un peu comme le ferait un psychopathe. En plus c’est trop cool de mettre des dam dam dans la tête des gens. De toute évidence il ne semblait pas trop comprendre ce que je voulais lui faire comprendre je sortis donc ce flingue factice avec lequel je rigolais aux dépens de mes collègues. Si tu veux on peut prendre un peu d’avance et je te troue la cervelle maintenant … de toute façon personne ne va lever le moindre petit doigt pour toi. Le regardant, faisant mine d’être sérieux, je me mis à le viser avec l’arme bien qu’elle était fausse. J’amorce le décompte et si rendu à dix t’es encore là je te plombe la cervelle. 1 …2…3….4…. j’éclatai de rire en le voyant partir et je rangeai le faux pistolet tout en me retournant et donnant une légère tape sur le capot de ce véhicule dont la valeur devait avoisiner les 100 000 $. La voie est libre monsieur. Bien que je n’avais pas regardé à l’intérieur du véhicule j’étais persuadé qu’il était conduit par un homme puisque par expérience ce type de bagnole n’était que très rarement conduit par la gente féminine.

L’homme semblait rudement secoué il suffisait de le regarder et d’observer ses réactions pour en déduire qu’il était en état de choc. Côtoyer des malfrats était devenu, en quelque sorte, une banalité à mes yeux puisque cela faisait partie de mon quotidien mais je pouvais comprendre aisément que ce genre d’expérience pouvait s’avérer perturbant et déstabilisant pour toute personne n’en ayant pas l’habitude. Voyant le propriétaire du véhicule reprendre lentement, mais surement, ses sens je compris qu’il était de mon devoir de m’occuper de lui. Le laisser reprendre la route dans un tel état émotionnel aurait été plus qu’irresponsable de ma part. Vous avez été victime de petits truands qui, à la vue de votre véhicule, ont été fortement tenté par l’idée de vous délester de quelques dollars. Je pris une légère pause afin de ne pas trop le heurter. Mais qu’est-ce qui vous a pris de circuler dans le Bronx à une telle heure ? Je ne vous apprends rien en vous disant que ce quartier est malfamé. Même les flics refusent d’y intervenir une fois la nuit tombée. Le regardant totalement agité, je réalisais qu’il n’était pas en état de conduire c’est pourquoi je m’emparai de ses clés de véhicule. Installez-vous dans le siège du passager, je vais stationner votre véhicule afin d’éviter qu’une personne maladroite le percute ou ne vous renverse sur la route. Laissant l’homme prendre place, tel que je le lui avais demandé, je pris place du côté conducteur alors que fis le nécessaire afin d’aller mettre son véhicule luxueux en sécurité. Pas mal ce petit bijou, ce n’est pas tous les soirs que l’on en voit par ici. Vous allez mieux ? Attendant une réponse de sa part, détaillant légèrement son visage qui me semblait vachement familier, je lui souris faiblement. Je crois que vous méritez un verre, je vous invite à l’intérieur ce sera aux frais de la maison. J’espère que vous aimez le cognac car j’en ai un excellent en réserve. J’avais beau être devenu un connard fini je savais, lorsque le moment s’y prêtait, me conduire en gentleman.

Lorsque l'homme me fit sa remarque sur les risques engendrés par les routes barrées, et par le fait qu'il ne devrait peut-être pas mentionner ce genre de détail dans un quartier aussi malfamé, il m'avait été plus que difficile de réprimer ce sourire légèrement amusé se dessinant sur mes lèvres. Il faut dire que la situation n'était pas sans être empreinte d'une certaine ironie. En effet vu la faune locale, et ses instincts tout aussi primaires que sauvages, mieux vaut éviter de mettre en appétit ces quelques fauves qui ne demandent pas mieux que d'avoir un morceau de viande à se mettre sous la dent. Il faut dire que je connaissais parfaitement leur comportement, j'en avais l'habitude à force de les côtoyer.

Lorsque l'homme devant moi se mit à le remercier précisant qu'il allait lui faire un chèque pour me remercier je dois admettre que, l'espace d'un moment, je ne savais plus trop quoi en penser. Vous savez monsieur je ne vous suis pas venu en aide motivé par l'appât du gain. De la façon dont je voyais les choses ce sont les arnaqueurs qui tiraient ainsi profit d'une situation et j'étais loin d'en être un. Évidemment je ne tardai pas à réaliser que mes mots avaient été sans le moindre effet lorsque je le vis sortir son stylo et son carnet de chèques. En fait il s'agit d'un cognac de contrebande ayant été distillé à l'époque de Bonaparte. Je le garde soigneusement dissimulé parce que, croyez-moi, une telle merveille n'aurait pas fait long feu avec tous ces alcolos. Sourire en coin je me permis de nous remplir deux verres lui en tendant un. C'est à vous de voir mais pour ma part je ne compte pas vous demander le moins dollars. Par curiosité je pris ce chèque qu'il venait de me tendre puis arquant le sourcil droit je lui lançai un regard plus que circonspect. Garrett  Carpenter ? Mon regard devait transpirer l'incrédulité tellement la situation avait été de nature à me surprendre. Evan Archer. Ça fait un bail que l'on ne s'est pas vu. J'étais loin de m'attendre à le croiser dans des telles circonstances mais je dois admettre que j'étais plus que ravi de le revoir.